L’un des événements auxquels j’ai pu assister pendant le Salon du Livre est la « Causerie avec Patrick Senécal », cette dernière ayant eu lieu à NDG. S’imposant comme le maître incontestable de l’horreur au Québec, Patrick Senécal est un nom qui, depuis bien longtemps déjà, n’a nul besoin d’être introduit.
Faisant partie de l’initiative « SLM dans la Ville », la discussion, animée par Mathieu Lauzon-Dicso, propriétaire de la librairie indépendante Saga, s’est déroulée dans une grande salle de spectacle faiblement éclairée. La scène a créé une atmosphère qui convenait certainement l’occasion. Charmant et affable, Senécal revint sur la scène publique, aussi naturel qu’il était autrefois, prenant plaisir à répondre aux questions de ses nombreux fans, cette fois-ci sans l’inconfort du virtuel. Faisant une rétrospective de l’année 2021, l’auteur se dit avoir réussi à rester productif malgré la pandémie, comme nous le témoigne notamment la sortie de la version roman graphique de son roman Aliss et de son dernier livre, Flots, publié en avril 2021 chez les éditions Alire.
Une partie importante de l’événement fut consacrée à la discussion du processus d’écriture de Flots. Rappelons-nous que, dans le roman, une portion substantielle de l’intrigue est racontée à travers le journal intime d’une fillette de huit ans. Cependant, cette perspective n’est pas aussi facile à écrire qu’elle y paraît à première vue. En effet, Senécal raconta au public captivé qu’il avait dû consulter à plusieurs reprises sa conjointe, qui a travaillé dans la domaine de la psychologie de l’enfant, sur la manière de capturer l’attitude d’un enfant si jeune. De plus, puisqu’il s’agit d’un journal intime, Senécal s’est imposé des limites strictes sur les descriptions pouvant contribuer au suspense, coupant dans l’inutile et les explications trop détaillées. Le ton sincère d’une jeune fille qui ne comprend pas entièrement les horreurs dont elle témoigne est suffisamment sombre pour alourdir l’atmosphère.
L’auteur est également revenu sur plusieurs de ses méthodes de recherche, ses règles personnelles quant à l’écriture des scènes sanglantes dans ses romans, et le processus d’adaptation d’Aliss en roman graphique. J’avais déjà eu l’opportunité d’entendre Senécal aborder ce sujet, mais j’ai appris plusieurs nouvelles choses concernant son processus créatif lors de cet événement. Par exemple, il opte toujours pour une écriture minimale, coupant les scènes « trash », ce qui rend les impacts de ses livres encore plus durs. C’est toujours rafraîchissant de voir un auteur qui prend une approche différente des autres du même genre, avec une attitude « less is more ».
Pour conclure la causerie, Senécal a lu un extrait d’un livre sur lequel il travaille. Puisqu’il nous a demandé de ne pas trop donner de détails, je dirai seulement que j’ai vraiment hâte de le lire un jour!
Dans l’ensemble, cet événement fut charmant, d’une longueur parfaite. Les questions de Mathieu Lauzon-Dicso et des membres du public ont soutenu le dialogue tout le long de la soirée. L’atmosphère était très décontractée et je n’ai pas hésité à poser ma question à la fin. Senécal est un nom immanquable dans la littérature québécoise, mais nous oublions parfois que derrière les livres se cachent un auteur aux discours à la fois attachants et fascinants, doté d’idées capables de nous faire réfléchir sur le processus d’écriture d’un roman.
Image de l’événement