Le petit dernier des studios DreamWorks Animation est sorti le 13 juin. Les amateurs et amatrices ne seront pas dépaysé.es puisqu’il s’agit d’un nouvel opus d’une franchise ayant déjà fait ses preuves : How To Train Your Dragon. Cette fois, DreamWorks reprend le premier volet de Hiccup et Toothless pour réaliser un film en prise de vue directe, avec Dean DeBlois aux commandes. L’adaptation reprend très fidèlement les événements du film d’animation de 2010, lui-même issu des livres de Cressida Cowell. DreamWorks joue la prudence en n’osant pas changer la recette qui avait séduit toute une génération (le film de 2010 avait généré près de 218 millions de dollars en Amérique du Nord). How To Train Your Dragon… mais pourquoi (re)faire?
Ce nouvel opus est un remake très fidèle du film d’animation. Presque tout y est : du nom des personnages comme Hiccup (Mason Thames), Stoick (Gerard Butler, qui a donné sa voix au personnage dans la version de 2010), Gobber (Nick Frost), Astrid (Nico Parker) et Toothless; aux différents dragons (Monstrous Nightmare, Red Death, Terrible Terror, Night Fury) en passant par le scénario repris à l’identique. Même les phrases-signatures des personnages y sont (« You just gestured to all of me », « That’s for the lies! And that’s… for everything else! », « Oh, I’m hurt! I am very much hurt! »). Les mélomanes, quant à eux, reconnaîtront immédiatement la bande originale puisqu’il s’agit du même compositeur (John Powell) revisitant sa propre œuvre, composée quinze ans plus tôt.
Mais la stratégie de DreamWorks et DeBlois pour la réalisation de ce film était peut-être trop prudente. En résulte un remake qui s’avère trop fidèle au film original. Le respect accordé à l’œuvre de 2010 entrave ce nouveau film qui souffre d’un manque flagrant d’originalité. L’une des rares tentatives en la matière est l’introduction, désormais très populaire, du pack inclusivité. En effet, la version de 2025 nous propose une population viking plus diverse que celle de 2010, avec des personnages d’origines asiatique, africaine ou encore sud-américaine. De manière très grossière, ceux-ci sont présentés comme les meilleurs représentants de leurs peuples respectifs, venus chasser les dragons avec les vikings de Berk. Si on passe outre l’improbabilité historique d’une telle alliance – il s’agit, après tout, d’un monde de fantasy – on se heurte pourtant bien vite à l’inutilité de cette initiative. Ces personnages n’apportent rien de concret au film puisqu’ils disparaissent presque immédiatement après avoir été introduits. En résulte une impression presque pire que si ce pack inclusivité n’avait pas été ajouté.
Par ailleurs, les fans de la version de 2010 se rendront bien vite compte que ce remake reprend exactement la même formule en ne proposant rien de mieux. Il est alors très tentant de suivre l’avis des critiques qui voient dans ce film une tentative de copier le modèle des remakes en prise de vue directe populaire depuis des années chez Disney. Mais ici, DreamWorks ne réussit pas à convaincre de l’intérêt de la démarche. Pire, le film souffre de la comparaison avec la version de 2010 puisque les contraintes techniques de la prise de vue directe l’empêchent d’atteindre la qualité de certaines scènes animées (en particulier les vols de Hiccup et Toothless).
Pourtant, cette version de How To Train Your Dragon n’est pas aussi « soulless » que le suggère la critique. Pris à part de ses prédécesseurs, le film est même très agréable. Les personnages sont attachants, qu’il s’agisse de Hiccup et de sa maladresse, de Gobber et de son apparente négligence ou encore de Toothless et de son comportement parfois proche de celui d’un chat. Le héros, qui n’entre pas dans les cases de la société viking de Berk au grand dam de son père et chef, s’accroche à sa vision des choses contre vents et marées. Grâce à Toothless et à un acte de bravoure qui le propulse définitivement au rang de héros, il finit par être entendu en dépit de l’opinion dominante. À sa suite, les habitants de Berk vont redécouvrir la coexistence avec les dragons, figures par excellence de l’altérité. Ici, on retrouve le très stéréotypé message des films pour jeune public. Entre invitation à la tolérance et ouverture, le scénario offre un très bel exemple de cohabitation et d’inclusivité qui, pour le coup, fonctionne bien mieux que le très forcé pack que j’ai mentionné plus haut.
La réalisation du film reste, elle-même, tout à fait satisfaisante, nous offrant des décors époustouflants et des scènes tantôt enchanteresses (le premier vol de Hiccup et Toothless), tantôt à couper le souffle (le combat contre le Red Death). Certaines sont aussi attendrissantes, comme par exemple le développement de la romance entre Hiccup et Astrid. Excellente combattante, celle-ci manifeste d’abord du dédain pour Hiccup, fils du chef à qui tout est pardonné, avant de développer de la curiosité puis de l’admiration et enfin de l’amour pour le jeune homme. Le tout est soutenu par une musique épique à la hauteur de l’histoire qu’elle accompagne.
How To Train Your Dragon (2025) n’est clairement pas le film de l’année. C’est loin d’être le meilleur de DreamWorks et ça frise le manque d’inspiration en reprenant presqu’à l’identique la recette de 2010. Mais la cible n’est probablement pas un public d’adultes désabusés qui cherchent à comprendre pourquoi ils ont dépensé leur argent pour revoir un film vu 15 ans plus tôt. Le nostalgique et le néophyte vivront, de leur côté, une expérience enchanteresse, épique, réconfortante. Après tout, c’est ce qu’on attend d’un film pour jeune public.