Par Kate Sheckler and Mathieu Lauzon-Dicso

 

Des soleils doubles, des chronologies alternatives, des forêts profondes peuplées de créatures magiques : les littératures de l’imaginaire nous poussent à faire un saut au-delà du connu, vers des mondes et des temps qui existent différemment des nôtres. En lisant et en écrivant de la fiction spéculative, on explore les mondes du « et si…? » : « et si on vivait sur les lunes de Jupiter? », « et si une multiplicité d’autres espèces, elfes, semi-hommes et dragons, habitaient notre monde? », « et si les vaisseaux étaient faits de métal et de plastique, mais aussi de corps humains tous liés ensemble par la pensée? », « et si… » Mais voilà qu’on en arrive à une évidence, soit que tous ces « et si » fascinants dépendent d’une chose : le langage.

 

It is through language that we connect – not just with other worlds – but with each other, and so this next special issue from the Horizons imaginaires team (the last before our official launch in a bilingual format this coming Winter) is a discussion of language and how any language adjusts to the world in which it is used, but as well, creates that world (as it does our own) and the beings that exist there, and, in the case of literature, alters the reader who uses that language to make the journey from his or her own reality to that “what if” of the novel.

 

Ainsi, nous sommes heureux de lancer aujourd’hui le dossier thématique des Horizons imaginaires pour l’automne 2018 : Linguistik, des ailleurs qui (se) parlent! Dans les jours qui viennent, les articles du dossier, réalisés par des étudiants et des diplômés du collège Marianopolis, s’intéresseront au langage dans des œuvres de science-fiction et de fantastique, alors que la langue y est davantage qu’un outil de communication ou d’organisation des interactions de chacun. Chaque article cherchera à lancer la discussion avec vous, afin d’échanger sur des œuvres qui travaillent le langage de façons inusitées, et où celui-ci sert notamment à explorer d’autres mondes et à interroger leurs fondements mêmes.

 

Crédit: Mathieu Lauzon-Dicso

 

And so, we welcome all of you to make your own interactive and speculative journey with our writers who have set out to explore the way language creates, changes, and allows access to the Other who exists in those amazing “elsewhere” and “else-whens.”  Please take your time and enjoy these forays into imaginary horizons that are constructed in language – that versatile and fluid medium that is the lifeblood of the imagination.

 

Vous trouverez donc, dans ce dossier composé d’une dizaine d’articles, des chroniques et des réflexions de nos apprentis rédacteurs sur divers romans marquants, tel qu’Ancillary Justice d’Ann Leckie, dont Francesca est tombée sous le charme grâce à la pronominalisation poreuse, complexe et évocatrice d’autres possibilités pour les identités sexuées, ou Embassytown de China Miéville, un roman qu’avait hâte de découvrir Ila, où politique et diplomatie s’ancrent dans un usage multidimensionnel d’une langue à laquelle les humains ont difficilement accès.

 

Crédit: Mathieu Lauzon-DIcso

 

Daphnée will discuss how she came in contact with the French novel La Horde du Contrevent by Alain Damasio, which allowed her to go on a difficult and astounding journey through wind and words. But then, she wonders, how can you share such an adventure with your friends if language is the key to the process and translation appears impossible? Speaking of translation, how will we be able to communicate with the Other when we reach alien civilizations – unless of course, they reach us first? That question is one of the foundations of the movie Arrival by Denis Villeneuve, as well as the short story from which it was adapted, “Story of Your Life” by Ted Chiang, on which Magdalena recently experimented for this project. It is also the title of an essay by Frédéric Landragin, who explores the connections between linguistics theories and science fiction in Comment parler à un alien? Although she is normally not an avid essay reader, Alina engaged with the concepts, and has some things to say about them!

 

Pour poursuivre dans les non-fictions, Adario s’est essayé à apprendre une nouvelle langue, le dothraki, grâce à un kit de conversation qu’il a testé pour le dossier. Étrangement, il fait savoir que ses cours de latin l’ont plutôt bien servi dans cette drôle d’aventure! Enfin, Ali a plutôt voyagé jusqu’à la nordique Amatka, dans le roman éponyme de Karin Tidbeck; là, les choses ont leurs noms, et jouer avec la langue peut avoir des conséquences inattendues, voire fâcheuses… Notre dossier proposera aussi quelques entrevues, qui feront le pont entre la création et la linguistique : Yu ouvrira le bal aujourd’hui avec une entrevue que lui a accordée Anne-Marie Beaudoin-Bégin, alias l’Insolente linguiste, qui s’avère être une grande lectrice de fantasy! Amalia s’est quant à elle entretenue avec Sylvain Neuvel, linguiste de formation et auteur de science-fiction établi à Montréal, bien connu pour sa trilogie The Themis Files. Awa s’interroge sur le rôle de la langue et de l’art dans la construction identitaire avec l’artiste montréalais.e D. Mathieu Cassendo, tandis que Jiyong revient sur sa lecture de LoveStar de l’auteur islandais Andri Snaer Magnason, qui a répondu à quelques-unes de ses questions pour le dossier!

 

Crédit: Mathieu Lauzon-Dicso

 

All of this will be concluded with a return to Maerlande, as Mathieu will go back into a world he traveled to many years ago. In Chroniques du Pays des Mères, by Élisabeth Vonarburg, “neutral” doesn’t mean “masculine”, but then again, it would be too simple to say that it means “feminine”! Language flows, thoughts bloom in a fluid movement going from hopes to dreams and, finally, to reality. We are Kate Sheckler and Mathieu Lauzon-Dicso, and we’re delighted we had this chance to introduce you to the next step in our exciting project as the English and French editors to Horizon imaginaires.

 

And now, let’s read, let’s discuss, parlons-nous et échangeons!