Par Yu Hong
Faire des découvertes historiques et culturelles tout en restant dans le confort de son salon, est-ce vraiment possible? La réponse est oui! Du moins, c’est ce qui m’est récemment arrivé grâce à un livre que j’ai découvert grâce au blogue des Horizons imaginaires et qui s’intitule Légendes de l’archipel du Milieu. Le recueil est d’Eric Kennedy, un auteur québécois établi au Nouveau-Brunswick, où se trouvent d’ailleurs les Éditions La Grande Marée, qui l’ont publié en 2016. Les Légendes d’Eric Kennedy m’ont permis, au fil de leurs pages, d’apercevoir les magnifiques paysages et l’histoire des Îles de la Madeleine, dans un cadre fantastique qui leur convient vraiment bien.
En entamant ma lecture, les mots m’ont fait basculer dans un amusant voyage «spatio-temporel» en direction de l’Archipel du Milieu, au centre d’un Golfe du Saint-Laurent dont les eaux sont entre la réalité et l’imaginaire. Mon exploration s’est faite beau temps mauvais temps, par un après-midi ennuyant autant que dans l’inconfort bruyant du transport en commun. La lecture du livre est, en effet, facile à gérer, puisque le recueil se divise en cinq légendes, indépendantes les unes des autres, tout en se complétant aussi; toutes ensemble, elles forment diverses couches de l’Archipel du Milieu, de son territoire, de son histoire et de son folklore. On commence par en apprendre sur l’origine des mines de sel qu’on retrouve sur certaines îles, avec la belle histoire de Cristo, désigné comme le maître de l’univers et créateur de l’archipel. Ensuite, comme s’il voulait nous faire mieux sentir l’état de symbiose qui relie les habitants des îles à la mer qui les entoure, l’auteur enchaîne avec une histoire d’amour… et de sirènes! Deux autres légendes suivent, où ressort le respect que les Madelinots ont acquis pour la nature: d’un côté, il y a le récit du fils de Champlain, mystérieux mage qui mène des aventuriers se battre contre une terrible sorcière; de l’autre côté, on assiste au naufrage d’un navire dont les débris sont autant une bénédiction matérielle qu’une dangereuse malédiction pour les villageois qui les récupèrent sur la plage. Et le recueil se termine par la jolie légende d’un orphelin, qui montre toute la beauté des liens familiaux dont on prend soin et l’importance de la famille pour les insulaires.
La force de ce recueil réside dans la facilité qu’il a de garder toute l’authenticité orale des légendes traditionnelles à travers son écriture, qui s’imprègne du parler populaire de la région, autant dans la narration que dans les nombreux dialogues, qui réussissent à rendre les personnages bien vivants. Avant de commencer ma lecture, je croyais que les légendes et les contes étaient, pour l’essentiel, destinés aux enfants, mais cette présomption s’est heureusement révélée fausse dès que je suis entrée dans la première histoire. En prenant cette dernière comme exemple, et ce, même s’il s’agit d’un récit de création, soit un sujet qu’on explique normalement aux enfants en leur racontant des légendes, le vocabulaire dont s’y sert l’auteur s’adresse visiblement un lectorat mature. Le ton familier renforce d’ailleurs cela plus qu’il ne simplifie les phrases, ce qui crée un effet assez intéressant.
Également, pour tous ceux et celles qui, comme moi, aiment rêver tout en restant réaliste, ce recueil s’avère être une lecture idéale. On y dit que «les légendes inspirent le réel et le réel engendre des légendes», et le brouillage entre le réel et le surnaturel dans ces légendes confirme bien cette phrase. Personnellement, j’aime retrouver cela dans mes lectures parce que ça me permet d’agrandir mon imaginaire personnel en demeurant ancrée dans le vrai monde, celui qui m’entoure; de telles œuvres m’amènent à élargir la perception que j’ai de mon environnement, d’y percevoir les lignes invisibles que seule la bonne fiction peut dénicher. En lien avec cela, la présence d’illustrations au début de chaque nouvelle aide à marcher sur la frontière entre le vrai et le faux que le recueil expose. Les dessins, à la mine, sont en noir et blanc, ce qui donne l’effet agréable que le propos de l’histoire est concret.
En somme, les Légendes de l’Archipel du Milieu se proposent comme une lecture à découvrir bien relaxante. C’est un petit livre de 174 pages qui se transporte bien et qui révèle, sait-on jamais, les secrets les plus incroyables des Îles de la Madeleine.
***Les Horizons imaginaires tiennent à remercier l’éditeur
pour l’exemplaire du livre reçu en service de presse.***
@Amalia, en effet, charmant petit roman
@Daphnée, pour n’avoir jamais voyagé aux Îles de la Madeleine, je ne saurais dire, mais j’aimerais bien savoir la réponse à la question aussi ;). Ça reste à demander à l’auteur… mais peu importe le cas, l’inspiration madelinienne est très présente.
@Yu tout d’abord, merci pour le très beau texte qui m’a beaucoup touché! 🙂 @Amalia @Daphnée et les autres qui s’interrogent, les légendes sont inédites, en empruntant toutefois à l’occasion des faits historiques. Cela étant dit, Le piano du diable est un clin d’œil à une légende qui circule sur la construction de la cathédrale St-Pierre de Laverniere, construite avec le bois d’un naufrage. Semble-t-il qu’il avait une histoire de diable là-dessous… 😉
Est ce que les histoires sont réellement toutes folkloriques? Ou sont-elles aussi inventées par Eric Kennedy? Je me demande si on peut retrouver des versions de ces histoires dans les musées ou les lieux touristiques des Îles de la Madeleine! Ça donne envie d’y aller et de faire un peu de recherche!
J’adore les légendes! Ça semble être un charmant petit roman 🙂