Her Majesty’s Royal Coven

Par Francesca Robitaille

Trouvaille par hasard en librairie qui m’a semblé intéressante cet été, ce roman de Juno Dawson s’est dévoilé être tout ce que j’espérais et bien plus. Je m’attendais à une histoire de sorcières et de familles choisies, et bien sûr, je l’ai eu, mais de m’arrêter là serait un manque de respect envers la profondeur des thèmes explorés par ce premier tome de la série du même nom.

Se basant sur certains éléments du folklore des sorcières de la Grande-Bretagne, le Coven de sa majesté (ci-après HMRC) a été fondé au XVIe siècle. Cependant, nous sommes au 21e siècle avec des femmes, amies d’adolescence maintenant adultes. Elles tentent toutes de réconcilier leur passé, leurs promesses au coven et leur réalité courante, soit celle d’une guerre contre des démons terminée depuis des lunes, mais qui a laissé des cicatrices profondes.

Helena, une puissante sorcière, toujours celle en charge du groupe, est maintenant la cheffe du HMRC. Niamh a quitté HMRC pour travailler comme vétérinaire, mettant à bon escient son habileté d’empathe. Leonie, la seule sorcière noire de leur groupe, a quitté elle aussi HMRC pour fonder Diaspora, un couvent plus inclusif des races et des sexualités. Elle, petite fille de l’oracle Annie Device, a choisi de laisser le monde des sorcières derrière elle pour fonder une famille « normale ».

Quand Helena suscite l’aide de Niamh concernant un enfant puissant, leur groupe se retrouve rassemblé de nouveau pour faire face à ce que Helena croit être la réalisation de la prophétie de la levée de Leviathan. Des conflits sur leurs valeurs et leurs croyances renaissent, et elles se trouvent mises à l’épreuve une fois de plus. 

Ce superbe roman bâtit un sentiment d’anticipation et explore des thèmes complexes et touchants comme l’identité de genre, l’expérience vécue par certaines minorités et l’inclusion. Ma seule déception concernant Her Majesty’s Royal Coven est que le second tome ne sera publié qu’en juin 2023, soit trop loin dans le futur. Je vous recommande Her Majesty’s Royal Coven si vous cherchez simplement une histoire d’action et de suspense ou une réflexion plus critique sur les enjeux d’identité dans un monde de fantasy. Entre-temps, restez à l’affût pour ma critique dévouée à cette œuvre, à paraître prochainement.

L’armée du soleil

Par Magdalena Nitchi

Lors de l’Otakuthon 2022, j’ai eu la chance de rencontrer Anouk/Jessi Tremblay et d’acquérir une de ses BD. Larmée du soleil, Suns Blade en anglais, est une série BD basée sur l’un des vrais jeux Pathfinder d’Anouk et de ses amis. Cette bande dessinée est entièrement bilingue, avec des copies disponibles en français et en anglais sur etsy.

Le premier livre de cette série, La naufragée, suit le voyage d’Anaïs, Wilhelm et Fritz. Suite au naufrage de leur navire, ils sont laissés à eux-même, seuls sur une île enneigée remplie de monstres, de sentiers périlleux et de personnages douteux. Les blessures de Wilhelm – et  l’infection potentielle qui puisse en résulter- ajoutent à leur urgence de revenir à la civilisation.

J’ai beaucoup apprécié la dynamique des trois protagonistes. Bien qu’Anaïs et Wilhelm soient frère et sœur, certains événements nébuleux du passé ont mis de la distance entre eux. Fritz est souvent la voix de la raison, qui tente d’atténuer les tensions et de faire avancer le groupe à travers les montagnes enneigées. Cependant, lui aussi se dispute avec Wilhelm, l’accusant d’avoir délibérément saboté la progression du groupe par son refus d’accepter la magie curative d’Anaïs. J’adore les histoires fantasy où un groupe de personnes réunies par le destin apprend à se faire confiance et à collaborer ensemble, et cette bande dessinée en est un exemple parfait.

En parlant des illustrations, l’utilisation des rouges et des bleus intenses sur de nombreuses pages permet de mettre l’accent sur les personnages, sans que les couleurs soient discordantes. J’ai également apprécié l’utilisation des gouttières noires pour marquer les nuits, les rêves et les flashbacks. Cependant, Tremblay ne fait pas toujours la distinction entre le rêve et la réalité, laissant le lecteur se demander quelles scènes sont réelles ou non.

Si vous aimez les histoires liées aux jeux de rôle, je vous recommande vivement cette courte bande dessinée. Tremblay parvient à créer une histoire merveilleuse, laissant au passage quelques indices sur la trame de fond d’Anaïs et Wilhelm qui devront porter fruits plus tard. Un deuxième livre est prévu pour la série, mais aucune date de sortie n’a encore été communiquée. Cependant, vous pouvez consulter une partie du deuxième livre en anglais sur Tapas.

Bigbug

Par Magdalena Nitchi

Paru sur Netflix depuis février dernier, le film BigBug de Jean-Pierre Jeunet est un parfait mariage de science-fiction et de comédie noire. Côtoyant le cliché par moment, le film parvient tout de même à rester engageant. 

@ Netflix

Pour un fan de science-fiction, la prémisse du film vous paraîtra certainement familière : dans un avenir pas si lointain, en l’an 2045, l’intelligence artificielle a conquis le monde. Les IA contrôlent tous les aspects de la vie humaine, des voitures autonomes à la nourriture préparée dans les cuisines. L’histoire suit Alice (Elsa Zylberstein), une femme excentrique qui aime les choses anciennes, y compris les générations antérieures d’IA à domicile. Cependant, lorsque les plus récentes versions des androïdes IA se rebellent, Alice se retrouve piégée dans sa propre maison avec ses proches et son voisin excentrique, car ses androïdes domestiques sont très soucieux de sa sécurité…

Le classement d’audience mature de BigBug est principalement dû au sexe, source centrale de la comédie du film. Les scènes comiques gravitent bien souvent autour de Max (Stéphane De Groodt) tentant désespérément de séduire Alice. Sans oublier l’effort des IA qui, eux aussi, essaient de comprendre le désir sexuel. Leur apprentissage du sujet donne lieu à des scènes de flirt incongru avec les personnes de la maison. Certaines de ces blagues parviennent difficilement à capturer mon rire, mais on les oublie bien assez vite, car elles s’enchaînent rapidement la plupart du temps. 

BigBug n’offre peut-être pas une vision révolutionnaire de la dystopie hypercapitaliste, mais cela ne le rend pas moins agréable à mes yeux. Les IA étaient plus sympathiques que les personnages humains, mais force est de constater que la qualité de la construction des personnages m’a beaucoup impressionnée. Chacun était unique, même les plus ennuyeux, chose qui peut être difficile à réaliser dans un film comique. Si vous aimez rire de l’actualité ou vous cherchez simplement une bonne comédie noire avec un décor de science-fiction, ce film est pour vous.