La 501e Légion est le plus gros club de cosplay de Star Wars du monde. Comptant plus de 15000 membres en tout, la 501e Légion est une organisation qui met l’accent non seulement sur le cosplay des méchants de Star Wars, mais sur le thème des « Bad Guys Doing Good. » La branche québécoise de la 501e Légion, appelée la Garnison Forteresse Impériale, compte parmi ses membres Simon Gauvin, le Garrison Commanding Officer (GCO) et Frédéric Fortin, le Garrison Executive Officer (GXO). Pendant le ComicCon, je leur ai parlé à propos de la Garnison, du cosplay, et de leurs travaux bénévoles. La Forteresse n’est pas un groupe de GN/LARPing; ils font simplement du cosplay pour une bonne cause.

Au Québec, les objectifs de la Forteresse Impériale sont de faire vivre Star Wars, faciliter l’utilisation de la création des costumes Star Wars, et contribuer à la société avec leurs dons et visites. La Forteresse se concentre sur l’aide aux enfants malades grâce à la collecte de fonds pour les hôpitaux, et des groupes de cosplayers se réunissent pour rendre visite aux enfants chaque fois qu’ils le peuvent. Ils visitent régulièrement des événements organisés par des organismes de bienfaisance ou y contribuant, comme Jeunesse au soleil, la Fédération québécoise du cancer et la Fondation Réno-Jouet. Bien qu’il y ait de nombreux membres à ComicCon, la plupart de leurs événements tout au long de l’année sont plus petits et plus intimes, chaque cosplayer faisant du bénévolat selon sa disponibilité.

ImaginAtlas: Depuis combien de temps faites-vous partie de la Forteresse Impériale?

Simon Gauvin © Forteresse Impériale

Simon Gauvin (GCO): Sept ou huit ans. C’est mon quatrième mandat en tant que président du club. Je crois que je suis celui qui a duré le plus longtemps dans cette fonction.

Frederic Fortin (GXO): Je travaille avec la Forteresse [depuis] 7 ans, et je suis GXO depuis quatre ans. Simon est là depuis le début. Lui et moi, on a un peu fondé la Forteresse. Il y avait le squad Canadien pour plusieurs années avant, mais on voulait rapatrier les choses içi, pour travailler avec des organisations québécoises aussi.

Quelles sont les tâches associées à vos rôles en tant que Garrison Officer?

SG: En tant que Garrison Commanding Officer, je suis le président du club. Je m’assure que tout fonctionne bien. Avec moi, il y a des gens qui s’occupent des relations publiques, de coordonner les événements, du graphisme, du site web, de l’approbation des costumes…  Je suis le porte-parole du club et celui qui coordonne le tout.FF: Simon est en charge de la région de Québec et moi, c’est plutôt Montréal. Donc on fait tous les deux un peu de outreach. On travaille ensemble, c’est comme un boss puis son employé. Il vérifie que tout se passe bien. On a beaucoup de personnes au ComicCon et on travaille ensemble toute l’année pour s’assurer que nos événements se passent bien.

Quel est votre personnage ou film de Star Wars préféré?

SG: Empire Strikes Back, c’est difficile à battre. La nouvelle série Andor, c’est très bon aussi… Mais les films classiques, Return of the Jedi puis New Hope sont ceux qui sont venus me chercher le plus. Pour mon personnage préféré c’est difficile. Côté costume, je trouve les shore troopers de Rogue One très beaux, ainsi que les Stormtroopers classiques de Vader.

Comment avez-vous choisi les personnages de vos cosplay? Est-ce que vous pouvez me décrire le processus de construction?

SG: C’est la première édition du Comiccon de Québec, en 2014, qui est à l’origine de tout pour moi. J’ai de la famille à Montréal qui participait au Comiccon là-bas depuis plusieurs années et faisait des costumes fantastiques. Lorsqu’un Comiccon a été annoncé pour Québec en 2014, ils m’ont inspiré. Je voulais aussi avoir un costume et l’univers qui me fait le plus vibrer est Star Wars. J’ai commencé à faire des recherches et je suis rapidement tombé sur la 501e Légion. À ce moment-là, les stormtroopers classiques m’intimidaient de par leurs coûts et leur complexité. J’aimais aussi les officiers donc je suis allé de ce côté. La création, c’est beaucoup de recherches. C’est prendre le temps de lire, de trouver les bons morceaux. 

Frederic Fortin © Forteresse Impériale

FF: Je suis l’empereur Palpatine depuis le début de Rogue One. Mon premier costume c’était Darth Maul, que j’ai fait en 2015. Les personnages Sith sont emblématiques pour la série, leurs costumes sont complexes et ça prend beaucoup de travail. Mais une fois que les costumes sont faits, ils sont très beaux.

Pour la construction, je vais parler de l’empereur. Il n’y avait pas grand chose sur lui dans les forums Sith Lord. Les dernières informations dataient de 2008, donc j’ai dû contacter une fille en Allemagne qui faisait partie du German Garrison, le plus gros au monde. On a travaillé ensemble à distance pour déterminer les bons matériaux, qu’est-ce qu’il fallait faire pour les bottes, la canne, la masque, puis à la fin, on a été approuvés tous les deux en même temps. C’était un beau moment de collaboration.

Est-ce qu’il y avait des difficultés dans la construction de Darth Maul?

FF: En premier, Darth Maul n’a pas de cheveux, donc il faut que tu te rases la tête. Ensuite, il y a plusieurs morceaux complexes à assembler. Le sabre laser et les bottes sont compliquées. Ce sont des bottes à moto et c’est très difficile d’acheter un pair originale, ça coûte trop cher. Il y a aussi le maquillage qui est difficile à faire. Je le faisais moi-même, donc ça prenait deux heures chaque fois. Puis quand on a fini, il ne faut pas trop bouger, car le maquillage va fondre. Mais c’est l’un des personnages les plus impressionnants de Star Wars, comme Darth Vader. C’est pas évident de le faire mais une fois que c’est fait, tu es fier de toi.

Est-ce que ton cosplay a changé pendant les années?

FF: Le maquillage a évolué avec les années, il y a eu d’autres petits changements aussi. Le cosplay est le fun, mais quand je vais dans les hôpitaux, je me [costume] normalement en officier. L’empereur est trop imposant, il fait peur aux enfants, donc je le garde pour le ComicCon.

SG: Oui, je ne porte plus mon costume de 2015. Il y avait des petits détails que je n’aimais pas, comme la couleur du tissu. Je me suis fait plusieurs nouveaux costumes et aujourd’hui, je suis rendu à 9 costumes approuvés officiellement. 

À quoi ressemble le processus d’organisation pour le ComicCon, et pour vos autres événements? Comment est-ce que vous choisissez vos apparitions?

SG: Le ComicCon de Montréal, c’est très différent des autres événements. Nous sommes partenaires depuis longtemps, la légion a participé au ComicCon dès ses débuts Quand tu es membre d’un club comme le 501, le ComicCon c’est le point de l’iceberg. C’est très visible mais on fait beaucoup plus d’événements, comme des parades, des visites d’hôpitaux, les cinémas, et une foule d’événements pour les charités.

Pour les événements hors du ComicCon nous avons un formulaire sur notre site web, les gens sont invités à faire une demande d’apparition. Nous décidons ensuite si on peut et si on veut le faire. Par exemple, les anniversaires et les mariages, on ne les fait pas au Québec. Les seuls anniversaires qu’on va faire, c’est pour les enfants atteints de graves maladies, qu’on a souvent rencontrés lors de nos visites en milieu hospitalier. Le 501e a un partenariat avec LucasFilm, et LucasFilm demande qu’on respecte leurs préférences au niveau de nos apparitions. Par exemple, de manière générale nous ne participons pas aux événements commerciaux. Star Wars leur appartient, donc toute entreprise qui en profite doit payer une redevance.

Lorsqu’une demande d’apparition est acceptée, on transmet les informations à nos membres, et ceux-ci peuvent s’y inscrire selon le principe du premier arrivé, premier servi.

Quelle est votre partie préférée du cosplay et c’était quoi ton premier cosplay?

SG: J’aimais le principe de me costumer et de rentrer dans un univers pour la journée. Dans un club comme celui-ci, mon aspect préféré est certainement le côté «gang». Nous avons beaucoup de plaisir ensemble. Il y a aussi les aspects caritatifs, comme lors de nos visites à Sainte-Justine. Ça me réchauffe vraiment le coeur.

FF: Pour moi ça a vraiment commencé en 2015 avec Darth Maul. J’ai fait d’autres cosplays de Star Wars auparavant, mais les interactions avec les enfants de la Forteresse sont vraiment venus me chercher. Je suis GXO, mais aussi le lien principal avec les hôpitaux. C’est important pour moi de faire du bénévolat, parce que je travaille avec des enfants [en santé]. Le bénévolat pour une institution locale comme l’Hôpital Sainte-Justine est pour moi, comme être humain, important.

Darth Vador à ComicCon 2023

Est-ce que vos membres suivent un code de conduite? 

SG: À la base, la seule requise pour être partie de la Forteresse Impériale c’est d’avoir 18 ans ou plus et d’avoir un costume Star Wars qui correspond à nos critères. Après ça, il y a un code de conduite au niveau légion, qui assure qu’on se respecte les uns les autres, qu’on ait une bonne conduite pendant les événements, et qu’on respecte les règles de LucasFilm pour les marchandises. On produit des marchandises officielles du club, et il faut avoir le copyright de LucasFilm, ne pas avoir de modification au logo, etc.

Au Québec, nous avons aussi un «Code du Trooper» pour nos petites règles de fonctionnement interne. Qui détaille, par exemple, le comportement à adopter lors de nos événements.

Pour certains événements vos membres travaillent en shifts, comment est-ce que ça marche pour les changements?

FF: On a un horaire officiel pour les 3 jours. Par exemple, je vais jouer l’empereur Palpatine en fin de la journée samedi, car il y a moins de gens disponibles de 6h à 8h. Sinon, j’essaie de laisser ma place aux nouveaux membres parce que je le fais depuis des années. Donc je garde un slot, mais le reste de la fin de semaine je travaille plus on the floor.

Vous m’avez parlé des charités. Comment est-ce que vous choisissez les charités ou les associations pour lesquelles vous travaillez?

SG: C’est assez naturel. Cette fin de semaine au ComicCon, on ramasse des fonds pour la fondation de l’Hôpital Sainte-Justine à Montréal. Nous avons un contact direct avec eux, donc c’est facile de ramasser des sous pour un organisme qu’on visite. Quand nous sommes à Québec, on visite le Centre Mère-Enfant Soleil, c’est un peu l’équivalent de Sainte-Justine. On essaie d’y retourner le plus souvent qu’on peut.

Comment est-ce que la pandémie a affecté la Forteresse Impériale et le cosplay? Est qu’il y a plus d’enthousiasme pour le cosplay maintenant grâce à la réouverture?

SG: La pandémie a eu des gros impacts. Il y a certains événements que nous avons fait en 2019 — que nous avons fait pendant beaucoup d’années auparavant — qui sont maintenant morts. Pendant la pandémie, on a réussi à faire un peu de choses, comme des vidéos en ligne, mais c’était difficile. Nous avons participé au  ComicCon virtuel et nous  avons produit quelques vidéos. Pour notre social interne, nous avons fait des meet-ups virtuels via un salon Facebook… Mais c’est certain que ce n’était plus du tout la même chose que nos rencontres en personne. Donc oui, la pandémie a assurément eu de gros impacts.

FF: Je dirais que la franchise Star Wars a eu un boom incroyable avec The Force Awakens. On a triplé nos membres, de 40 à presque 120. La pandémie a mené à une pause, mais ç’a aussi donné aux membres une chance de travailler sur leurs cosplays à la maison et de construire de nouveaux costumes. Une fois que ça a recommencé on a eu des affûts majeurs. Cette pause à été d’une certaine façon bénéfique; il y a plus de personnes qui s’intéressent maintenant à ça. Quand les gens viennent pour prendre une photo en personne avec nous, ça rend notre belle journée auss