Le vendredi 29 novembre, pendant le Salon du Livre de Montréal, l’auteure J. D. Kurtness a remporté le Prix des Horizons imaginaires 2024 avec son roman de science-fiction dystopique La vallée de l’étrange, publié en 2023 aux éditions L’instant même.
Ce roman est une réécriture du conte populaire Pinocchio de Codelli. La vallée de l’étrange raconte l’histoire d’une entrepreneure québécoise qui met sur le marché des petites poupées robotisées ayant une apparence d’enfants. Ces poupées, qui ont la capacité d’apprendre et d’évoluer selon les outils d’apprentissage mis à leur disposition, deviennent vite populaires et soulèvent la controverse. Sim, le protagoniste et l’un de ces jouets, est adopté par un fermier de Sorel doté de patience et d’un sens inné de la pédagogie. Dans ce texte aussi hybride et nuancé que son personnage principal, la technologie fait la rencontre de la nature, la bonté de certains ne fait pas le poids devant la cruauté des autres, et il ne suffit pas d’avoir de la peau et des os pour être humain. Ce roman, tout à fait d’actualité, traite de la question de l’IA et des questions éthiques autour de celle-ci.
En plus d’un trophée en matériaux recyclés conçu par l’artiste québécois Karl Dupéré-Richer, l’écrivaine a remporté une bourse de 1500 dollars. Le prix est attribué chaque année à un.e auteur.e de l’imaginaire par un jury formé d’étudiants collégiaux. Pour l’occasion, la remise du prix était animée par une ancienne membre du tout premier jury, Amalia Greve Danielsen. Le Prix des Horizons imaginaires a été créé par le fondateur d’ImaginAtlas et de la librairie Saga, Mathieu Lauzon-Dicső, qui participe également au Salon du Livre en tant qu’animateur et collaborateur externe en littératures de l’imaginaire. La cérémonie informelle, qui rappelle l’ambiance des panels de ce même festival, a débuté par une présentation des trois finalistes ainsi que de leurs œuvres respectives.
Cette année, la finale était exclusivement féminine. Parmi les autres finalistes du concours, il y avait Raphaëlle B. Adam avec son roman d’horreur Venefica. Ce roman, publié en septembre 2023 par la maison d’édition Tête Première, met en scène les toxines, des créatures chasseresses et anthropophages, qui cherchent en permanence de nouvelles victimes. Catopsis, le personnage principal, ne veut plus de ce mode de vie imposé et refuse de chasser, mais a du mal à résister à la faim et à la tentation. L’auteure se sert de son roman noir pour soulever la question de l’addiction et tente d’humaniser ses créatures de l’ombre.
L’autre finaliste du concours était Marie-Hélène Sarrazin avec son roman de réalisme magique Douze arpents, dans lequel le fantastique se mélange au folklorique. Ce livre, publié en avril 2023 aux Éditions Tête Première, raconte l’histoire de Marine qui perd son emploi de libraire et, quelques semaines plus tard, sa grand-mère. À la mort de cette dernière, la protagoniste hérite de sa fermette et part s’installer à la campagne. Cependant, des rumeurs et un projet immobilier viennent menacer la tranquillité de Marine.
Bien que la cérémonie n’ait pas été l’événement le plus populaire du Salon du Livre 2024, il a contribué à mettre en valeur l’importance du rôle des femmes dans les littératures de l’imaginaire. C’est avec beaucoup d’émotion, un grand sourire et une larme au coin de l’œil que J. D. Kurtness a accepté son prix. Elle a tenu à remercier les étudiants et tous ceux qui ont permis au prix d’exister ainsi que l’équipe de la maison d’édition l’Instant Même. Les trois auteures finalistes sont des découvertes intéressantes qui méritent plus d’attention de la part des lecteurs.