Par Francesca Robitaille
Un des plus récents livres tirés de l’univers Harry Potter, la pièce de théâtre Harry Potter and the Cursed Child (Harry Potter et l’Enfant maudit), est sorti en juillet dernier, et considérant à quel point la série a marqué mon enfance, il me le fallait à tout prix. Je me le suis donc précommandé sans hésiter, en mars, et j’ai avidement attendu qu’il soit livré à ma porte… pendant près de cinq mois, puisqu’il est officiellement sorti le 31 juillet 2016, neuf ans après la parution de Harry Potter et les reliques de la mort ! Je me rappelle avoir fait la file à minuit lorsque le dernier roman était sorti, et avoir terminé de le lire le lendemain, ce qui, à l’âge de dix ans, avait vraiment cimenté mon amour de la série et de la lecture. Cette série a tant marqué ma jeunesse que mon frère m’a même remis une lettre d’acceptation à Poudlard pour ma fête il y a quelques années. Toutefois, il faut savoir que, contrairement aux autres œuvres que J.K. Rowling a créées pour cette série, ce nouveau tome est une pièce de théâtre plutôt qu’un roman. Rowling l’a en fait conçu avec Jack Thorne, qui s’est occupé de l’écriture du scénario, et John Tiffany, qui l’a aidée dans la conception de l’idée originale, en plus d’être le directeur de la pièce.
On y replonge dans le monde de la magie pour y retrouver les héros des premiers romans, Harry, Hermione et Ron : tous tentent de naviguer dans les eaux troubles de la vie adulte, de gérer le quotidien de leurs vies familiales, voire de s’occuper de problèmes politiques auxquels ils sont mêlés. Par contre, le premier rôle de la pièce n’est pas Harry, mais son fils, Albus. Accompagné de son ami Scorpius Malfoy, le fils de Draco, les deux garçons se retrouvent rapidement pris dans une aventure qui les mène dans le passé, se liant d’amitié rapidement. Ils se retrouvent contraints dans une mission pour aller sauver la vie de Cédric Diggory, grâce à un Retourneur de temps qui permet de remonter le temps plusieurs années en amont, lors du tournoi des trois sorciers.Ils rencontrent toutes sortes de personnages curieux, comme Severus Rogue, et des versions alternatives de leurs parents et de leur entourage. Parallèlement aux aventures des enfants, du côté des parents, on voit que Harry a énormément de difficulté à entretenir de bons rapports avec son fils, qui en plus d’avoir rejoint la maison de Serpentard, semble écrasé par le fardeau de ne pas être le fils que son père voulait. Scorpius, quant à lui, doit faire face aux rumeurs selon lesquelles il serait le fils maudit de Voldemort. S’ensuivent des aventures toutes plus surprenantes les unes que les autres, où nouveaux héros et anciens protagonistes sont forcés de revoir certains aspects de leurs vies.
À ma première lecture, j’étais principalement concentrée sur mes retrouvailles avec les personnages et sur l’évolution et les changements qu’ils avaient vécus. Par la suite, quand j’ai relu la pièce, la magie étincelante du début avait disparu, et j’ai pu mieux comprendre l’histoire, en particulier les déplacements dans le temps. Malgré le format de pièce de théâtre adopté pour ce livre, on reconnaît bien nos héros dans leurs dialogues. J’ai aimé le traitement des thèmes de la famille et de l’amitié, et j’ai trouvé que les personnages originaux arrivaient à conserver leur essence propre, et ce même s’ils étaient sortis du cadre romanesque. L’idée de l’enfant qui pense ne pas pouvoir remplir les attentes de ses parents est un thème auquel presque tout le monde peut s’identifier. Par contre, j’ai aussi eu l’impression que ces thèmes étaient trop superficiels, et que l’omniprésence des dialogues, même si ceux-ci sont bien choisis, ne me permettait pas de retrouver la même profondeur des personnages que celle qu’on retrouve dans les romans, ce qui était l’une des principales forces de la série. Si on n’a pas la chance d’assister à la pièce et de voir les personnages agir, on est désavantagés ; et, selon moi, cela fait en sorte que bien des amoureux de la série originale vont moins apprécier l’histoire de ce nouveau livre. De plus, certains aspects de l’histoire, tels que les retours plusieurs décennies dans le passé, contreviennent à certains aspects du monde original de J. K. Rowling, où les sorciers ne sont pas censés pouvoir survivre à un voyage dans le passé de plus de quelques heures, un point qui est mentionné dans Hogwarts : An incomplete and unreliable guide (disponible en livrel sur iTunes et ailleurs) et dans Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban. Cette erreur, ou cet oubli, m’a déçue, puisqu’il invalidait toute l’histoire de la pièce.
La pièce a gagné neuf trophées aux Prix Laurence Olivier le 9 avril dernier. Elle connaît énormément de succès à Londres, et la prochaine vente de billets est prévue pour le 25 avril. Une nouvelle distribution prendra la relève du spectacle le 24 mai prochain. Pour toutes autres informations sur les prestations de la pièce, les informations sont disponibles sur le site https://www.harrypottertheplay.com