Par Alexandra Klisurova

 

La littérature québécoise, je ne m’y connaissais pas. Certes, mes cours de français au secondaire m’y avaient exposée quelque peu, mais ils l’avaient fait à force d’une lecture ou deux par année, certaines plus réussies que d’autres ; certaines attirantes, d’autres repoussantes. Étant bel et bien Québécoise par appropriation et contact, je trouvais que ma méconnaissance du corpus québécois m’était un grand handicap : quel était donc l’héritage et la « vibe » littéraire de ce pays que je désigne pourtant comme le mien ? Faire un cours spécialisé en littérature québécoise me semblait un peu trop : mon expérience suite aux lectures scolaires n’avait pas été des plus réussies jusqu’à présent, et je craignais de passer tout un cours à analyser des oeuvres qui me déplairaient. Alors, quand j’ai vu les affiches, l’année dernière, qui promouvaient les activités du Prix littéraire des collégiens, je suis tombée sous le charme du concept. Quoi de mieux, pour découvrir la littérature québécoise d’aujourd’hui, qu’un espace qui m’offrirait la possibilité de lire des romans (contemporains !) d’ici sans que cela me coûte les yeux de la tête, tout en me permettant d’en discuter avec d’autres jeunes, sans que des travaux annotés soient attachés à toute l’expérience ?

J’ai trouvé, dans ce prix, exactement ce que je cherchais. Au premier coup d’oeil, la pile de cinq livres semblait terrifiante ; allais-je vraiment pouvoir lire tout cela en l’espace de quelques mois en plus des nombreuses lectures de mes cours réguliers ?! Mais j’ai vite découvert que ce n’était pas si difficile : les romans, ayant déjà passé par une étape préliminaire de sélection, étaient pour la plupart plaisants, intéressants. Certes, certains ont été plus source d’ennui que d’émerveillement; mais d’autres m’ont permis de rencontrer des auteurs incroyables que j’ai continué à lire avec grand plaisir, notamment Ce qui reste de moi de Monique Proulx, mon coup de coeur de l’édition 2016-2017 du prix. Bref, j’ai eu l’impression de pouvoir prendre le pouls de la littérature québécoise du jour ! Sans parler du plaisir d’enfin se retrouver dans un cadre plus familier au cours de mes lectures, soit des quartiers que je fréquentais, des villes que je connaissais !

Crédit photo : Alexandra Klisurova

De plus, j’ai eu, comme je l’espérais, l’opportunité unique de pouvoir discuter de ces questions avec d’autres jeunes motivés par les mêmes désirs. Il est rare de trouver, dans un autre contexte, une dizaine de collégiens qui ont tous lu le même roman que soi, chacun avec ses opinions bien tranchées… Bref, les sessions d’échanges m’ont permis de mieux comprendre ce que pensaient mes pairs, de discuter de mon expérience de lecture, mais surtout, de redécouvrir les romans sous de nouveaux angles. Il n’a pas été rare que j’arrive à une rencontre avec une opinion plus ou moins formée, mais qu’au fil de la discussion, elle prenne de l’ampleur et se transforme complètement, se nourrissant des nouveaux points de vue défendus par les autres. Au final, ces moments n’étaient faits que de plaisir et m’ont offert tout ce que j’avais espéré !

Il n’est donc pas étonnant que, cette année, j’aie décidé d’entreprendre un double défi : en plus de renouveler ma participation au Prix littéraire des collégiens pour son édition 2017-2018, j’ai décidé de participer au nouveau Prix des Horizons imaginaires. Bien que les romans choisis pour ce dernier soient moins récents, puisque la sélection a été faite à partir de récents lauréats du Prix Jacques-Brossard de la science-fiction et du fantastique québécois, ils proposent des territoires de la littérature qui ne sont pas ou très peu explorés dans les œuvres finalistes du Prix littéraire des collégiens. Je n’ai pas été déçue : mon expérience au Prix des Horizons imaginaires a été très enrichissante… et se mérite tout un autre article, à venir dimanche prochain !