Par Tiffany Qian

 

Afin de bien asseoir le tout premier dossier thématique de la revue des Horizons imaginaires, un dossier qui traite des liens entre les cultures de l’imaginaire et le monde étrange de l’école, nous avons interviewé neuf auteurs de science-fiction et de fantastique du Québec et de France, qui ont gracieusement accepté de répondre à nos questions. Évidemment, il ne s’agit pas de neuf choix aléatoires, puisque tous ces écrivains pratiquent le métier d’enseignant ou l’ont pratiqué pendant un certain moment ! Et ils ont beaucoup à nous dire de la position ambivalente qu’ils occupent…

 

Horizons imaginaires : Comment vous présenteriez-vous à nos lecteurs en tant qu’auteur et en tant qu’enseignant ?

  

Frédérick Durand : Je publie des nouvelles depuis 1992 et des romans depuis 1997. Je me suis consacré à plusieurs genres (thriller, poésie, roman historique, fantastique, littérature générale), mais j’ai recentré ma pratique d’écriture sur le thriller et sur le fantastique, ces dernières années.

Du côté de l’enseignement, je suis professeur depuis 2002. J’ai fait mes premières armes à l’Université du Québec à Trois-Rivières avant d’enseigner dans un collège privé (le Collège Laflèche) de 2002 à 2006, puis au cégep de Trois-Rivières, de 2007 à aujourd’hui. Je préfère l’enseignement au collégial pour la convivialité et l’interaction qui le caractérisent.

Crédit photo : Ariane Gélinas

Horizons imaginaires : D’après vous, laquelle de vos deux positions – auteur ou enseignant – est la plus pédagogique ? Laquelle vous amène le plus à instruire ?

 

Frédérick Durand : Les deux positions permettent de s’instruire, mais différemment. En tant qu’auteur, il importe de ne pas tricher avec les lecteurs et d’effectuer les recherches qui permettent à nos récits d’être vraisemblables. J’ai donc perfectionné mes connaissances sur divers sujets lors de l’écriture de chacun de mes romans.

L’enseignement, lui, se caractérise par une recherche plus ciblée : il s’agit d’approfondir un domaine particulier, lié à l’enseignement de la littérature. J’ai ainsi développé ma connaissance de la grammaire, mais également de l’histoire, de l’argumentation, des procédés littéraires (figures de style et autres)… C’est un apprentissage plus classique, mais dont les notions me sont utiles quand vient le temps de rédiger un texte de fiction.

 

Horizons imaginaires : Diriez-vous que les thèmes de l’école et du scolaire en général ont une présence marquante dans les littératures de l’imaginaire ?

 

Frédérick Durand : C’est fréquent au cinéma, puisqu’une partie des productions du genre se destine aux adolescents ou aux jeunes adultes. Dans le contexte des littératures de l’imaginaire en général, la réponse me semble plus nuancée. Cela étant dit, un certain pourcentage d’histoires se déroule effectivement en milieu scolaire. C’est courant en littérature jeunesse, moins marqué en littérature pour adultes, mais quand même pas rarissime.

 

Horizons imaginaires : Comment votre expérience en tant qu’enseignant nourrit-elle votre expérience en tant qu’auteur ? Et vice-versa ? Y a-t-il un quelconque aspect surnaturel dans la profession d’enseignant ? 

 

Frédérick Durand : J’exerce mon métier de façon pragmatique. J’aime cependant ajouter une touche de fantaisie et d’humour dans mon enseignement, tout en demeurant rigoureux et clair. Mon expérience d’auteur me permet d’expliquer certaines notions aux étudiants. Je peux leur confirmer que beaucoup d’écrivains songent à l’effet que produiront leurs choix stylistiques au moment d’écrire, par exemple, et que des éléments qui peuvent passer inaperçus sont souvent voulus par les auteurs (notamment le recours à des éléments symboliques ou à l’onomastique).

Mon travail d’enseignant a moins influencé mon parcours d’auteur, sauf pour la réflexion sur le style et sur l’écriture qui en découle. En revanche, il m’arrive de rencontrer des personnalités singulières dans mes classes, dont certains traits de caractère peuvent se retrouver chez mes personnages.

 

Horizons imaginaires : Lequel de vos livres auriez-vous aimé lire à notre âge (16-20 ans) ?

 

Frédérick Durand : Probablement Au rendez-vous des courtisans glacés, parce qu’il décrit l’existence d’un groupe de jeunes adultes dont les préoccupations et le mode de vie ressembleraient sans doute à ce que je verrais autour de moi. Le roman est écrit dans le but de produire une intensité et une lecture immersive, qualités recherchées chez les jeunes lecteurs.

Éditions Les Six Brumes